J'aimais très tôt, comme la comptine
Dit aux enfants pas toujours sages,
L'école avant, après l'image.
Dans le bistrot, toute la journée,
Y avait Raymond, y avait René
Toujours tapis devant le zinc
Contre les hippies, contre les "painks".
Rue Florentine
Dans le bistrot, rue Florentine,
J'aimais très tôt la jouer fine
En écoutant d'un air très sage
Les conversants, les maraudages.
Rue Florentine
René, Raymond, rue Florentine
Changeaient le monde devant une fine.
Raymond, René, toujours bavards,
J'aimais raisons comme le comptoir.
Et les bicots, tous des couards,
Boivent que de l'eau, même pas de pinard.
Et le tiercé, j'en ai eu qu'deux.
C'est ma tournée, patron les deux.
Rue Florentine
Une engueulade, un Armagnac
Une accolade et un Cognac
Un coup de gueule, un coup de Gueuze
Un coup de gnole, une blague honteuse
Rue Florentine
Un lourd matin où il pleuvait,
Le vieux René n'est pas venu.
Raymond pourtant a attendu
La matinée, toute la journée.
René est mort pendant la nuit
D'un rêve sans doute un peu trop fort.
Il s'est couché, maintenant il dort.
La bruine est triste sans parapluie.
Raymond est venu tous les jours.
Puis une à deux fois par semaine.
Raymond devient un peu plus sourd.
Un ciel d'orage pleut toute sa peine
Rue florentine
Dans le bistrot, petit bistrot,
J'écris un mot, un petit mot.
Sur une table, j'écris un mot.
Sur une table, un seul mot.
Dans le bistrot, rue Florentine,
J'aimais très tôt comme la comptine.
La vie c'est court, l'ennui c'est long.
Trois petits tours et puis s'en vont.
Rue Florentine
Rue Florentine
Rue Florentine
Trois petits tours et puis s'en vont.
Rue Florentine
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